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Agression crimilelle:

Le "Jugement dernier" et l'"arbe généalogique de Jesse", des fresques du quinzième siècle ont été volés du monastère d'Antifonitis.

Partout des marques de violence.

Malheureusement l'odyssée de cette mosaïque chypriote, - un monument culturel d'importance mondiale - de son vol jusqu'à sa mise en sûreté, n'est pas un cas isolé. C'est un exemple effrayant qui touche des centaines et des milliers d'oeuvres d'art disparues, qui ne sont que rarement repérées comme butin dans le marché international d'objets d'art.

Il est encore plus rare que le gouvernement chypriote ou des amis de Chypre, comme par exemple la fondation de A.V. Leventis, réussissent à faire le rachat et le rapatriement dans le pays d'origine.

Le côté turc tente de sous-estimer la destruction de cet héritage culturel unique. En tout cas on ne voit pas une intention de leur part d'éclaircir les faits. Dans peu de cas une punition frappe les responsables. Les autorités turques expriment toujours leurs regrets au sujet de cette barbarie, mais rien ne laisse présager que des mesures sérieuses seront prises contre le brigandage d’art et le pillage des lieux archéologiques dans le nord de Chypre. La dimension véritable du brigandage d’art organisé est toujours cachée. D'Ankara non plus ne vient de signe indiquant de la volonté de réparer aux dommages déjà causés et de combattre les responsables ensemble avec la République de Chypre. II n'y a aucune déclaration turque de vouloir démarquer et punir les coupables. Ces circonstances ainsi que la sentence d'Indianapolis m'ont incité à faire des recherches dans le nord de Chypre afin de pouvoir fournir des preuves et d'aménager des documents, rendant clairement compte de l'étendue des vols de mosaïques, fresques et icônes dans les églises chypriotes du nord de Chypre.

Et puis le voyage en automne 1989 et la terrible constatation qu'il existe en effet, une destruction aveugle des biens culturels grecs: Aucun des monuments visités n'était sans dommages; toutes les églises orthodoxes grecques et tous les cimetières chrétiens sont profanés et pillés, contrairement à ce qui se passe dans la partie sud de la République de Chypre. Là les lieux de culte musulmanes sont non seulement fermées pour les protéger, mais encore entretenues par les Chypriotes grecs. Les cimetières par contre se présentent dans le même état dans lequel ils se trouvaient quand les Chypriotes turcs quittèrent leur village après 1974, de sorte que beaucoup des tombeaux sont recouverts d'herbes.

II est vraiment difficile de voyager dans le nord de Chypre à cause de la grande présence de l'armée turque. Le voyageur est continuellement empêché de découvrir le paysage avec ses nombreux monuments d’art, par un panneau rouge vif sur lequel on voit un soldat et l'avertissement en quatre langues: "Zone militaire de sécurité. Accès interdit". On constate irrité qu'aucun village ne porte son nom grec d'origine. Toutes les signalisations routières sont remplacées par des nouvelles avec des toponymes - purement turcs. Seuls les lieux historiques ayant des noms apportant des devises, comme Salamis et Engomi, Soli et Vouni, sont conservés et projetés comme attractions touristiques.

Premier arrêt, durant le voyage, au monastère d'Antifonitis, au nord du village de Kalogréa. On y trouve des fresques précieuses de la période du douzième au quinzième siècle. Pour y arriver on part de Kyrenia et on suit la route côtière vers l'est. Juste avant l'embranchement vers Kalogréa on fait un crochet au monastère Panayia Melandrynas. On n'y trouve pas un grand art, mais un calme bienfaisant. L'ambiance monastique suggestive et la richesse en sculpture sur bois de l'iconostase de l'église restent dans mes souvenirs dès avant 1974.

COMMERCE D'ART

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A la fin de la voie d'accès empierrée ii n'y a plus rien qui rappelle le monastère de Panayia Melandrynas. Une pente légèrement inclinée - versant nord - offre un paysage désertique. Des voyageurs qui parcourent la région pour la première fois passeraient, inattentifs, près de l'ancienne oasis monastique, qui aujourd'hui n'est que ruines donnant refuge aux chèvres et moutons. C'est uniquement dans la cour de l'église, remplie de fumier comme l'est aussi l'intérieur de la Maison de Dieu, que les colonnes en marbre et les chapiteaux rappellent une longue tradition chrétienne et la sainteté des lieux Dans l'église ne sont conservées que les traversines de l'iconostase autrefois ornées de nombreuses icônes. Dans cet "abri pour moutons et chèvres" il n'y a que des fragments de l'impressionnante sculpture sur bois dorée. C'est un spectacle bouleversant.

Le chemin en pente raide s'étire jusqu'aux contreforts est de la montagne du Pentadhaktylos. Des ses cimes caractéristiques le vigoureux massif sépare la côte du nord des terrains alluviaux fertiles, qui s'étendent jusqu'au massif de Troodhos au sud de l'île Une forêt d'arbres variés et une pinède à perte de vue. A on carrefour une route en lacets mène au monastère d'Antifonitis. Un calme inquiétant. Le monastère pillé et abandonné. Des nouvelles portes massives ferment à clé l'église. C'est bien ainsi, car on sait depuis longtemps que la tête de l'archange Gabriel a été extraite de la décoration de l'abside avec ses fresques de la fin do douzième siècle. Mais il est illusoire de croire que ces porte puissent empêcher des nouveaux pillages. Certes, le portail ouest est protégé par une chaîne puissante, mais sa serrure ne ferme pas à clé. La sécurité n'est pas garantie. Les portails s'ouvrent en grinçant.

 


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