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Contradiction: Dans une région montagneuse et isolée il ne reste que des ruines du monastère arménien de Sourp Magar. Au contraire les pièces vides du monastère d'Achiropiitos sont conservées tant bien que mal par les Turcs. Il n'y a plus de traces de l'art religieux dans la ville portuaire de Kyrenia.
Lentement les yeux s’habituent à la lumière diffuse de l'intérieur. Les rayons vifs du soleil pénètrent à travers les fenêtres. Ils révèlent les mutilations et les blessures, ils confirment les pires soupçons : 1’intérieur de 1’église est en ruines. Plus rien n’est conservé. Toutes les icônes ont fait 1’objet du pillage d’art. Même i iconostase avec toutes ses sculptures sur bois a été extraite. Seuls les entraits en bois, qui tiennent la poussée des voûtes, sont conservés. Le décor mural est un chaos. Non seulement la tête de 1’archange Gabriel manque, mais la tête de l’archange Michel porte aussi des traces de destruction brutale, car on a essayé de la lacérer pour en faire une pièce unique. Par cela une pièce importante de la peinture de 1’art communique est perdue pour toujours. Au mûr, on voit partout les traces de violence. Par endroits, sous les fresques de la dernière décennie du quinzième siècle, des peintures plus anciennes sont partiellement visibles. On ignore combien de ces fresques, inconnues des chercheurs, d’une époque plus ancienne ont été volées.

 

Toutes les fresques sur le mur nord, du sol à la voûte, sont réduites à rien. Autrefois ce mur était orné d’une représentation impressionnante du "Jugement dernier", datée de la fin du quinzième siècle. Cette fresque a été volée et certainement découpée en plusieurs petits morceaux, à tel point qu’on ne puisse plus en reconnaître le sujet ; selon toutes probabilités ces morceaux furent vendues sur le marché international d’objets d’art. Le mur sud a aussi subi le même sort. L’ "arbre de Jessé ", qui date de la même époque, est tombé entre les mains des voleurs à 1’ exception de quelques fragments.

Le trajet par les bois désertiques de Pentadactylos est reposant et rassurant. Environ 10 km plus loin, vers l’ouest, la route mène à un fond de vallée où est situé le monastère arménien Sourp Magar.

Ce monastère a été érigé vers l’an 1000 et fut nommé d’après Saint Macaire d’Alexandrie qui vécut au quatrième siècle ; vers 1425 il a été

cédé aux chrétiens arméniens. En 1811/44 un tremblement de terre détruisit le monastère médiéval. La construction nouvelle date de la première partie du dix-neuvième siècle et garde des parties de l’ancienne bâtisse. Tout ce qui mérita d’être conservé fut conservé. Le vaste préau du monastère entouré des cellules des religieux était jusqu’en 1974 une expérience inoubliable pour tout visiteur. Le parfum des oranges et des fleurs, le chant les oiseaux et la musique tendre des eaux menaient dans un autre monde. Un accueil avec de l’eau fraîche, du café et des fruits confits - les sucreries traditionnelles -. " Philoxenia ", l’hospitalité grecque, n’a pas disparue malgré trois cent cinquante ans d’occupation Ottomane.

Mais tout cc qu’on a vu jusqu'à présent est inquiétant. Au dernier serpentin le monastère apparaît pour la première fois. Dans ce monde à l’écart, loin des affrontements de la guerre de 1974, tout semble déchiré par des bombardements. Des images d’un cauchemar, mais telle est la réalité en octobre 1989. Le monastère est un champ de ruines, non pas déchiré par des explosions mais sciemment détruit. On se demande, qui est allé dans cette région montagneuse isolée pour détruire, pour piller et pour ravager. Rien n’a été épargné. Les fenêtres et les portes sont cassées. L’autel et l’iconostase sont profanés. Sur les murs de l’église on voit le graffiti des bourreaux " victorieux ", qui ont causé ce chaos.

UNE PERTE

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A Kyrenia, la plus belle ville portuaire de Chypre, le souvenir de tout cc qui s’est passé jusqu’ici ainsi que 1’atmosphère du lieu déconcertent le visiteur. Au port aucune voix connue, pas de " chairete " (salut), ni un " ti kanis file ? " (ça va, mon ami ?). Il est difficile de se ressaisir dans l’ancien café de Yiorgos, aujourd’hui géré par Mustafa d’Istanbul. L’attraction de Kyrenia et de tout Chypre est intacte et entretenue : l’épave du bateau du quatrième siècle avant Jésus - Christ, de l’époque d’Alexandre le Grand, qu’on renfloua en 1968. Cette trouvaille sensationnelle remplit trois grandes salles de la forteresse du port vénitien, comme aménagée avant 1974 par le Département des Antiquités de Chypre. Aux administrateurs actuels, cet épave sert d’aimant pour attirer des touristes, elle sent également à faire rentrer des devises étrangères.

Aujourd’hui, comme le sort de Chypre tombe de plus en plus dans l’oubli et ne remplit plus les premières pages des journaux, des touristes indifférents, à la recherche du soleil, de la men et d’amusement logent dans des hôtels chypriotes - grecs réquisitionnés et exploités par les Turcs. De même des étrangers, surtout des Allemands, achètent des Turcs des propriétés foncières chypriotes grecques se trouvant dans la partie occupée sans être bien conscients des questions des droits à la propriété.

F-al12.jpg (9439 octets) Lapithos, aux contreforts nord-ouest de Pentadactylos, à seulement seize kilomètres de Kynenia, est une grande localité. Avant 1974 y habitaient presque quatre mille Chypriotes grecs et seulement trois cents Chypriotes turcs, aujourd’hui n’y habitent que des Turcs. Les maisons grecques, dont les Turcs ne se sont pas appropriées sont détruites et pillées, ainsi que les églises et le cimentier du village.

La majorité des nouveaux habitants sont des Chypriotes turcs de la région de Paphos située dans le sud de Chypre. Ankara leu assigna les fonds grecs après leu transfert. Mais à Lapithos comme partout au nord de Chypre vivent aussi les soldats turcs ayant participé à l’invasion. Après les hostilités on leur donna des maisons et des propriétés grecques afin qu’ils restent à Chypre. L’objectif politique est évident : le changement radical de la structure démographique à Chypre. Dans le même but, se poursuit la transplantation des Turcs d’Anatolie, et dans les dernières années l’établissement des réfugiés turcs de Bulgarie dans le nord de Chypre.

 


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