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cédé aux chrétiens arméniens. En 1811/44 un tremblement de terre détruisit le monastère médiéval. La construction nouvelle date de la première partie du dix-neuvième siècle et garde des parties de lancienne bâtisse. Tout ce qui mérita dêtre conservé fut conservé. Le vaste préau du monastère entouré des cellules des religieux était jusquen 1974 une expérience inoubliable pour tout visiteur. Le parfum des oranges et des fleurs, le chant les oiseaux et la musique tendre des eaux menaient dans un autre monde. Un accueil avec de leau fraîche, du café et des fruits confits - les sucreries traditionnelles -. " Philoxenia ", lhospitalité grecque, na pas disparue malgré trois cent cinquante ans doccupation Ottomane. Mais tout cc quon a vu jusqu'à présent est inquiétant. Au dernier serpentin le monastère apparaît pour la première fois. Dans ce monde à lécart, loin des affrontements de la guerre de 1974, tout semble déchiré par des bombardements. Des images dun cauchemar, mais telle est la réalité en octobre 1989. Le monastère est un champ de ruines, non pas déchiré par des explosions mais sciemment détruit. On se demande, qui est allé dans cette région montagneuse isolée pour détruire, pour piller et pour ravager. Rien na été épargné. Les fenêtres et les portes sont cassées. Lautel et liconostase sont profanés. Sur les murs de léglise on voit le graffiti des bourreaux " victorieux ", qui ont causé ce chaos.
A Kyrenia, la plus belle ville portuaire de Chypre, le souvenir de tout cc qui sest passé jusquici ainsi que 1atmosphère du lieu déconcertent le visiteur. Au port aucune voix connue, pas de " chairete " (salut), ni un " ti kanis file ? " (ça va, mon ami ?). Il est difficile de se ressaisir dans lancien café de Yiorgos, aujourdhui géré par Mustafa dIstanbul. Lattraction de Kyrenia et de tout Chypre est intacte et entretenue : lépave du bateau du quatrième siècle avant Jésus - Christ, de lépoque dAlexandre le Grand, quon renfloua en 1968. Cette trouvaille sensationnelle remplit trois grandes salles de la forteresse du port vénitien, comme aménagée avant 1974 par le Département des Antiquités de Chypre. Aux administrateurs actuels, cet épave sert daimant pour attirer des touristes, elle sent également à faire rentrer des devises étrangères. Aujourdhui, comme le sort de Chypre tombe de plus en plus dans loubli et ne remplit plus les premières pages des journaux, des touristes indifférents, à la recherche du soleil, de la men et damusement logent dans des hôtels chypriotes - grecs réquisitionnés et exploités par les Turcs. De même des étrangers, surtout des Allemands, achètent des Turcs des propriétés foncières chypriotes grecques se trouvant dans la partie occupée sans être bien conscients des questions des droits à la propriété.
La majorité des nouveaux habitants sont des Chypriotes turcs de la région de Paphos située dans le sud de Chypre. Ankara leu assigna les fonds grecs après leu transfert. Mais à Lapithos comme partout au nord de Chypre vivent aussi les soldats turcs ayant participé à linvasion. Après les hostilités on leur donna des maisons et des propriétés grecques afin quils restent à Chypre. Lobjectif politique est évident : le changement radical de la structure démographique à Chypre. Dans le même but, se poursuit la transplantation des Turcs dAnatolie, et dans les dernières années létablissement des réfugiés turcs de Bulgarie dans le nord de Chypre.
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