Autres flux de population |
98. Pour compléter le tableau démographique de Chypre, il faut aussi tenir compte de la présence de plusieurs groupes d'étrangers établis sur l'île. Par leur nombre, il faut tout d'abord citer l'armée turque présente dans la partie nord de l'île et qui, selon différentes estimations, représenterait un contingent de quelque 30.000 hommes. C'est un chiffre très élevé, équivalent à quelque 15% de la population totale de la partie nord de Chypre. Lors de mes déplacements dans cette partie de l'île, j'ai pu constater la présence très voyante de l'armée turque. 99. Dans la partie sud de l'île se trouvent les deux bases militaires britanniques prévues dans les accords de 1959. Leurs garnisons sont évaluées à quelque 4.000 soldats et officiers, qui seraient accompagnés de 6.000 civils. 100. Au cours des derniers mois, la partie sud de Chypre a été confrontée à une pénurie de main - d'oeuvre dans certaines branches de l'activité économique comme le bâtiment, les travaux publics ou les services. Cette situation a conduit les syndicats et les employeurs à signer un accord permettant de faire appel à l'émigration. Aucun chiffre n'a été précisé quant au nombre de migrants étrangers qui seront autorisés à travailler dans la partie sud de l'île. Les entreprises souhaitant employer des étrangers devront présenter une demande formelle au ministère du Travail chypriote. Celui - ci a indiqué que chaque cas serait examiné individuellement par une commission tripartite constituée de représentants du ministère, des syndicats et du patronat. 101. De par sa situation géographique, Chypre a aussi accueilli de très nombreux Libanais qui traditionnellement ont utilisé la partie sud de l'île comme un sanctuaire pendant les périodes où les combats faisaient rage dans leur pays. Leur situation a été largement évoquée par M. Flückiger dans son rapport sur la situation de la population civile libanaise fuyant son pays (Doc. 6155). Je ne peux que répéter ici ce qui figure dans ce rapport. Les citoyens libanais se sont rendus à Chypre en raison de sa proximité géographique et comme première étape avant un long voyage qui les a conduits généralement vers d'autres pays européens ou les Etats - Unis. Ceux qui sont restés à Chypre vivent en général dans l'attente et l'espoir de retourner au Liban dès que les circonstances le permettront. Ceux des Libanais qui résident actuellement à Chypre sont titulaires d'un permis de séjour temporaire et sont inscrits au Bureau de l'émigration. En 1990, leur chiffre s'élevait à 1.410. 102. Un élément dont il faut également tenir compte, c'est l'émigration traditionnelle de la population chypriote. Pendant de très longues années, et même avant son indépendance, Chypre a été un pays d'émigration comme tant d'autres pays de l'Europe méridionale. Les Chypriotes ont quitté l'île pour chercher de meilleures conditions de vie et de travail, surtout en Australie, au Royaume - Uni et dans d'autres pays du Commonwealth. L'amélioration de la situation économique, surtout dans la partie sud de l'île, a eu pour conséquence que l'émigration dans cette partie de l'île soit aujourd'hui pratiquement inexistante. En l'absence de données statistiques sur les mouvements migratoires dans la partie nord, il est difficile de cerner le problème. Même dans les annuaires statistiques publiés par l'Administration chypriote turque, ne figurent pas ces mouvements, mais uniquement un important chapitre touristique dans lequel sont consignés les nombres d'arrivées et de départs de ressortissants étrangers et de Chypriotes turcs. La différence entre le nombre de départs et d'arrivées, pour la période allant de 1978 à 1988, fait apparaître une émigration de quelque 10.000 Chypriotes turcs. Les témoignages recueillis auprès des partis de l'opposition chypriotes turcs indiquent que cette émigration, surtout de jeunes, subsiste toujours.
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